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— 1815 —

Fontainebleau, un courrier chargé de rejoindre l’Empereur et de lui faire connaître les événements de la nuit ; d’autres courriers, envoyés sur les principales routes, devaient répandre la même nouvelle et annoncer en même temps l’entrée de Napoléon aux Tuileries. Ce bruit, qui ne faisait que devancer l’événement de quelques heures, était destiné à activer le mouvement des troupes encore indécises.

Il était à peu près dix heures du matin quand la foule commença à envahir la place du Carrousel et les rues voisines. Toutes les grilles de la cour des Tuileries et du jardin étaient fermées ; la garde nationale occupait à l’intérieur les postes et les portes. Cette fermeture, le silence que l’on pouvait remarquer dans toutes les parties du palais, confirmèrent les soupçons de la foule : plus de doute, les Bourbons s’étaient enfuis ! Des cris de Vive l’Empereur ! se firent alors entendre sur tous les points ; quelques groupes, plus animés, essayèrent bientôt d’ouvrir les grilles ; ils voulaient, disaient-ils, occuper les Tuileries pour l’Empereur. La garde nationale résista. Les grilles, fortement ébranlées à l’extérieur, défièrent les efforts des assaillants ; quelques jeunes gens, montés sur le mur d’appui, tentèrent de les escalader ; repoussés par les gardes nationaux placés à l’intérieur, ils échouèrent. Des deux côtés on en était venu aux injures et aux menaces, et l’irritation, ainsi que la colère de la foule, prenait un caractère inquiétant, lorsque, vers midi, un bruit grondant dans le lointain et qui ne cessait de se rapprocher, détourna l’attention de tous les groupes.

La veille au soir, la plus grande partie des troupes réunies au camp de Villejuif ou dans l’intérieur de la capitale avaient reçu l’ordre de se replier sur Saint-Denis. Ce mouvement rétrograde les avait irritées ; elles voulaient aller rejoindre l’Empereur. Arrivés dans la matinée à leur nouvelle destination, les soldats se réunirent en tumulte, déclarant qu’ils n’iraient pas plus loin. Le général Maison, commandant légal des forces placées sur ce point, voulut intervenir. Non-seulement ses ordres ne furent pas écoutés, mais quelques mots