Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
— 1815 —

son, à la vérité, était nombreuse ; mais ses dispositions, dans la pensée de M. de Blacas et du duc de Feltre, ne pouvaient inspirer aucune inquiétude. La présence du souverain et des princes de sa famille, l’honneur qu’ils daigneraient lui accorder en se confiant à son dévouement, devaient garantir sa fidélité. Louis XVIII avait adressé, la veille, à l’armée, une proclamation de quelques lignes que le Moniteur et les autres journaux avaient publiée, en la faisant suivre de cette note : Imprimé sur l’original écrit de la main du roi. Resté seul, ce prince rédigea la pièce suivante, qui parut dans le Moniteur du lendemain, 20 mars :

PROCLAMATION.

« La divine Providence, qui nous a rappelé au trône de nos pères, permet aujourd’hui que ce trône soit ébranlé par la défection d’une partie de la force armée qui avait juré de le défendre ; nous, pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l’immense majorité des habitants de Paris pour en disputer l’entrée aux rebelles ; mais nous frémissons des malheurs de tous genres qu’un combat sous ses murs attirerait sur les habitants.

Nous nous retirons avec quelques braves que l’intrigue et la perfidie ne parviendront point à détacher de leurs devoirs ; et, puisque nous ne pouvons point défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces et chercher sur un autre point du royaume, non pas des sujets plus aimants et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais des Français plus avantageusement placés pour se déclarer pour la bonne cause.

La crise actuelle s’apaisera ; nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés dont la défection livre nos sujets à tant de dangers ne tarderont pas à reconnaître leurs torts et trouveront dans notre indulgence et dans nos bontés la récompense de leur retour.

Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple à qui nous ramènerons encore une fois la paix et le bonheur.

À ces causes, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. La session de la Chambre des pairs et celle de la Chambre des députés des départements pour l’année 1814, sont déclarées closes. Les pairs et les députés qui les composent se sépareront à l’instant.