Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
— 1815 —

eu lieu, le matin même du 16, sous la présidence du comte d’Artois. Le prince demanda quels résultats la cause royale pouvait espérer du dévouement de cette milice[1]. L’état-major, en masse, affirma que le tiers au moins des gardes nationaux sortiraient des rangs pour s’offrir comme volontaires. Un seul colonel, M. Gilbert de Voisins, gardait le silence. Le comte d’Artois l’interrogea. M. de Voisins répondit qu’il ne partageait pas l’opinion de ses collègues, et que le nombre des volontaires serait peu considérable. Le prince lui tourna le dos. L’événement donna raison à M. de Voisins. Les légions réunies sur la place Vendôme, au boulevard Bondy, sur la place Royale et dans le jardin du Luxembourg, furent passées en revue par le comte d’Artois. Les cris furent nombreux et retentissants ; il y eut partout les signes du plus grand enthousiasme ; mais au lieu du tiers de cette milice, c’est à peine s’il sortit des rangs assez de volontaires pour former deux compagnies.

Les acclamations de la Chambre et de cette revue rendirent cependant à la cour et aux royalistes une partie de la confiance qu’ils avaient perdue. La soirée du 16 et la journée du 17 se passèrent en manifestations tumultueuses. Des groupes nombreux parcouraient les principales rues en poussant les cris de Vive le roi ! À bas le tyran ! Sur les principales places, on voyait se succéder des détachements de volontaires qui, précédés de drapeaux blancs et ayant, pour uniforme, des chapeaux à la Henri IV surmontés d’un panache blanc, allaient, à grand bruit, chercher des armes ou prendre position sur les routes de Melun et de Fontainebleau. Les Tuileries et les ministères ne désemplissaient pas de gens qui apportaient, soit des nouvelles, soit des plans de campagne, et promettaient pour le lendemain la capture de Bonaparte et de sa bande. C’était une

  1. On lisait dans l’ordre du jour publié pour annoncer cette revue :
    « S’il se trouve dans les rangs de la garde nationale des citoyens à qui leur âge et leur situation permettent de se livrer à l’impulsion de leur patriotisme, S. A. R. Monsieur les invite à sortir des rangs et à se présenter à Elle pour former, sous ses ordres, la légion de Colonel-Général. »