Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
— 1815 —

fussent leurs grades, et que les brevets de toutes les nominations faites jusqu’au 1er avril 1814 seraient expédiés sur-le-champ.

Le 15, le gouvernement arrêta la formation, sous les murs de Paris, d’une armée dont le commandement en chef était confié au duc de Berri ; la préfecture de police fut rétablie, et le préfet choisi par M. de Blacas fut M. de Bourrienne, ancien secrétaire de Napoléon. Enfin, aux termes d’une ordonnance publiée le même jour, tous les employés des administrations civiles qui prendraient les armes pour la défense de la patrie devaient conserver leurs places et leurs traitements.

Tandis que Louis XVIII demandait à ces mesures tardives le maintien de son trône et la conservation de sa couronne, le télégraphe apprenait à ce prince que, soulevant les départements au seul bruit de ses pas, entraînant les populations après lui, l’Empereur poursuivait sa marche triomphale, escorté par les soldats chargés de lui barrer le passage. En voyant le peuple lui échapper dans les villes, dans les campagnes, comme dans l’armée, le roi voulut du moins rattacher à sa cause les classes qui avaient accueilli avec le plus de faveur son avénement. Les atteintes nombreuses portées aux principes posés dans la Charte, et le langage imprudent des princes de sa famille, avaient surtout éloigné ces classes de son gouvernement. Il crut qu’il était encore temps de réparer le mal, et se résolut à une démarche éclatante. Le 15 mars, le roi fit annoncer aux deux Chambres que, le lendemain, il se rendrait au milieu d’elles. Dans quel but ? Le message ne le disait pas. Aussi un vif sentiment d’intérêt et de curiosité régnait-il dans tout le public officiel, lorsque le 16, à trois heures de l’après-midi, accompagné de tous les membres de sa famille restés à Paris, entouré par les grands officiers de sa maison et par les ministres, suivi d’un nombreux cortége de maréchaux et de généraux de tous les régimes et de toutes les dates, Louis XVIII parut dans la salle du Palais-Bourbon. Un trône lui avait été