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— 1815 —

lemand, également officier général et commandant le département de l’Aisne, les rejoindrait à la Fère avec plusieurs détachements de dragons placés sous ses ordres ; enfin, que, cette jonction faite, tous les trois, emmenant avec eux le corps des chasseurs royaux, le régiment d’artillerie et les dragons, se dirigeraient sur Noyon, où Drouet-d’Erlon, moins retardé dans sa marche de Lille sur Paris, les attendrait avec plusieurs corps d’infanterie.

Arrivé dans la nuit du 7 au 8 à Lille, où il trouva les généraux d’Erlon et Lefebvre-Desnouettes, l’aîné des frères Lallemand n’y resta que quelques heures, et, dans la journée, partit avec Desnouettes pour Cambrai.

Le lendemain matin, le comte Drouet-d’Erlon, prétextant des ordres du ministre de la guerre, et annonçant, en outre, l’explosion d’un mouvement insurrectionnel à Paris, mettait ses régiments en marche sur cette capitale. Plusieurs corps d’infanterie et de cavalerie s’avançaient donc dans cette direction, lorsqu’ils furent rencontrés par le maréchal duc de Trévise, que le gouvernement, à la suite des révélations du duc d’Orléans, venait d’envoyer en toute hâte à Lille avec des pouvoirs qui plaçaient sous son commandement toutes les troupes cantonnées dans le département du Nord. Le maréchal, surpris de la marche des corps qui s’avançaient sur Paris, les arrêta, leur ordonna de rétrograder, et poursuivit son chemin. À son arrivée à Lille, mécontent des explications du comte d’Erlon, il mit ce général aux arrêts de rigueur dans la citadelle[1].

Cependant Desnouettes et Lallemand étaient entrés à Cambrai le 9, dès l’ouverture des portes. Le premier avait fait monter à cheval ses chasseurs royaux, à sept heures du ma-

  1. Le duc d’Orléans, envoyé à Lille quelques jours plus tard, comme nous aurons à le dire, donna immédiatement avis au comte d’Erlon qu’il arrivait avec l’ordre de le faire transférer à la Fère pour y être jugé. Le général, trompant alors ses gardes, put se réfugier en ville, chez le colonel du génie Trussard.