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— 1815 —

qui ont eu le temps de faire parvenir leurs Adresses, disait l’abbé de Montesquiou, envoient à l’envi d’admirables témoignages de leur fidélité. Les villes disputent de zèle avec les départements, et nous sommes occupés à réunir toutes ces Adresses pour consacrer à jamais ce monument de courage et de haine à la tyrannie. » Le ministre Clarke ajoutait que, « malgré tous les moyens employés par Buonaparte et sa séquelle, les dépêches télégraphiques qui venaient d’arriver étaient parfaitement rassurantes. » Or, le matin même, on l’a vu, Napoléon avait quitté Lyon, après avoir ordonné de mettre le séquestre sur tous les biens des Bourbons et convoqué pour le mois de mai les collèges électoraux de l’Empire.

Les éloges donnés aux garnisons de Lille, de la Fère et de Cambrai étaient le résultat d’une tentative insurrectionnelle dont nous avons dit l’origine et le but, et dont nous devons raconter l’avortement.

On a vu que, le 6 mars, Fouché avait fait partir l’aîné des frères Lallemand pour Lille, afin de hâter l’explosion du mouvement militaire dont cet officier général, son frère, et les comtes Drouet-d’Erlon et Lefebvre-Desnouettes, étaient les principaux chefs[1]. Le corps commandé par le dernier, formé des anciens chasseurs à cheval de la garde impériale, que la royauté avait conservés sous le nom de chasseurs royaux, tenait garnison à Cambrai. On avait décidé que, lorsque le moment d’agir serait venu, Lefebvre-Desnouettes et d’Erlon se mettraient en marche le même jour sur Paris ; mais, comme le premier, à Cambrai, se trouvait plus rapproché de cette capitale, on était convenu que Desnouettes se détournerait de la route directe de Paris pour se porter avec ses chasseurs royaux sur la Fère, enlever l’arsenal de cette ville, et rallier à lui le régiment d’artillerie qui s’y trouvait caserné et dont l’aîné des frères Lallemand, général de cette arme spéciale, prendrait aussitôt le commandement ; que le second frère Lal-

  1. Voir page 186 de ce volume.