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— 1815 —

troupes de Grenoble, précédés par un groupe assez nombreux d’officiers à demi-solde, et accompagnés ou suivis de toute la population du faubourg de la Guillotière, parurent de l’autre côté du fleuve. Cette foule poussait des cris éclatants de Vive l’Empereur ! Ces cris sont bientôt répétés par les masses d’ouvriers réunis sur les quais du côté de la ville. Des deux parts les chapeaux s’agitent ; sur chaque rive du fleuve les acclamations se répondent ; enfin on crie Aux barricades ! Les hussards lancent leurs chevaux ; les dragons, obéissant à la même impulsion, se portent, de leur côté, sur les ponts, suivis par les fantassins ; les barricades, ainsi attaquées par les deux troupes, sont bientôt renversées ; on en jette les débris dans le Rhône ; au bout de quelques instants les soldats des deux partis se mêlent et s’embrassent : Lyon appartenait aux troupes impériales. Le maréchal Macdonald, témoin impuissant de cette scène, gagne à la hâte le faubourg de Vaise, poursuivi par quelques hussards du 4e. Sa liberté ou sa vie aurait couru des dangers sérieux, si les dragons de son escorte, se mettant en défense, n’avaient obtenu des hussards que sa retraite ne serait point inquiétée. Le maréchal put se retirer sur Clermont. Une heure auparavant, aux premiers cris de Vive l’Empereur ! poussés par les officiers à demi-solde marchant à l’avant-garde de la colonne impériale, les deux princes s’étaient enfuis par la route de Moulins. De tous les gardes nationaux à cheval qui juraient le matin de ne jamais les abandonner, de se faire tuer pour leur cause, un seul eut le courage de les accompagner. Fut-il récompensé par eux ? On ne le dit pas. Ce que l’on sait, c’est qu’à quelques jours de là l’Empereur décora ce fidèle garde.

À cinq heures du soir, le 20e et le 24e de ligne et le 13e dragons franchirent en masse le fleuve, et, traversant le faubourg de la Guillotière, se précipitèrent au-devant de Napoléon. À sept heures, l’Empereur, précédé seulement de quelques cavaliers, entra dans Lyon aux acclamations de 100,000 voix. Les ponts, les quais, les rues, étaient encombrés