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— 1814 —

poster rue du Mont-Blanc ; puis, lorsque, le 18, à trois heures du matin, l’ex-reine de Westphalie quitta l’hôtel Fesch, Maubreuil, accompagné d’un nommé Dasies, qu’il affubla du titre de commissaire royal, la suivit en voiture de poste, ne la quittant pas de vue, changeant de chevaux en même temps qu’elle, et s’arrêtant où elle s’arrêtait. La belle-sœur de Napoléon avait d’abord pris la route d’Orléans. À Pithiviers, elle changea de direction. Instruit par le maître de poste de cette dernière ville que la princesse devait continuer son chemin par la Bourgogne, Maubreuil prit aussitôt les devants et alla l’attendre à Fossard, maison de poste distante de Montereau d’une demi-lieue, et où vinrent le joindre quelques pelotons de cavalerie française, entre autres deux détachements de mameluks et de chasseurs à cheval de la garde impériale, que le commandant militaire de Montereau, sur la présentation des ordres délivrés par le général Dupont et par les généraux alliés, s’était empressé de mettre à sa disposition. La princesse voyageait à très-petites journées. Le détour qu’elle venait de faire lui avait causé une nouvelle perte de temps. Ce fut seulement le 21, vers les sept heures du matin, que ses équipages parurent sur la route. Maubreuil, à la tête de ses cavaliers, arrête la voiture de l’ex-reine, contraint celle-ci de descendre et la fait entrer dans une espèce d’écurie, où tous les coffres chargés sur ses voitures sont successivement transportés : ils étaient au nombre de onze. L’un d’eux contenait 84,000 francs en or, destinés aux frais de voyage ; un second renfermait les joyaux de la princesse et ceux de son mari. Maubreuil demande les clefs ; Catherine les refuse. Le représentant du gouvernement provisoire menace de tout faire briser ; la princesse tient ferme ; on se met en devoir de forcer les serrures ; les clefs sont données. Lorsque chaque coffre eut été ouvert et visité, Maubreuil déclara qu’il les saisissait au nom du gouvernement, et leur fit prendre la route de Paris, escortés par quelques chasseurs à cheval de la garde. Neuf caisses furent remises le lendemain à un M. de Vanteaux,