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— 1814 —

avec eux aux troupes de Fontainebleau, et il vous sera facile, soit avant, soit pendant ou après la bataille, de nous rendre le service que je suis chargé de vous demander. — Cent hommes ! ce sera difficile à réunir. Il n’en faut pas tant, d’ailleurs ; une douzaine suffirait. Je les trouverais peut-être dans l’armée ; mais il me faudrait alors la faculté de les faire avancer de deux ou trois grades et de leur accorder des récompenses pécuniaires proportionnées. — Vous aurez tout ce que vous voudrez. Que nous importent dix ou douze colonels de plus ou de moins ? » Maubreuil fit encore quelques objections, ajouta qu’il avait besoin de réfléchir, et quitta Roux-Laborie en prenant l’engagement de lui donner une réponse positive le lendemain.

Le 3 avril, Maubreuil revint à l’hôtel Talleyrand. « J’accepte, dit-il à Roux-Laborie ; mais je dois ajouter que je ne me regarde pas comme suffisamment autorisé par votre parole ; j’ai besoin que les promesses que vous me faites soient plus solidement garanties. Je veux voir M. de Talleyrand et recevoir directement de lui ma mission. — On dirait que vous avez peur, répliqua Roux-Laborie en frappant sur la poitrine de Maubreuil ; reprenez votre courage, et s’il, vous faut absolument la garantie du prince, vous allez être satisfait. » Il ajouta que si Maubreuil consentait à attendre quelques instants dans le salon où ils se trouvaient, M. de Talleyrand traverserait la pièce, lui ferait un salut de la main et lui adresserait un sourire qui l’assurerait de leur parfaite intelligence.

M. de Talleyrand, chez lequel passa Roux-Laborie, parut, en effet, quelques instants après ; il traversa le salon et salua Maubreuil en lui adressant le geste et le sourire attendus. Maubreuil sortit pour faire ses préparatifs.

Voilà ce que Maubreuil a raconté[1]. Si la molle et insouciante

  1. Nous avons emprunté ces détails à un rapport fait à l’une des chambres du Tribunal de première instance de la Seine, au mois de juin 1815, par MM. Thouret et Brière de Valigny, substituts du procureur impérial. M. Brière de Valigny est aujourd’hui conseiller à la Cour de cassation.