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— 1814 —

le 9 dans la matinée, la dispersion de la petite cour réunie à Blois ; le 10, il publiait, dans le Moniteur, un arrêté dont voici le début :

« Le gouvernement provisoire, informé que, d’après les ordres du souverain dont la déchéance a été solennellement prononcée le 3 avril, des fonds considérables ont été enlevés de Paris dans les jours qui ont précédé l’occupation de cette ville par les troupes alliées... arrête... » etc,

Suivaient plusieurs dispositions qui enjoignaient dans les termes les plus impératifs aux fonctionnaires de tous les ordres d’arrêter le transport des valeurs provenant de ces enlèvements, de les saisir et d’en opérer immédiatement le dépôt dans la caisse publique la plus voisine.

En ne spécifiant pas l’origine et la nature des fonds sur lesquels ils voulaient mettre la main, en se servant de l’expression générale, élastique, de fonds enlevés de Paris, M. de Talleyrand et ses collègues donnaient à leurs agents les moyens de saisir tout le numéraire emporté à Blois, qu’il fût ou non la propriété privée de l’Empereur ou de sa famille ; et ce fut sans doute pour atteindre encore plus sûrement leur but que l’opération fut confiée par eux à un homme qu’ils venaient de tirer du donjon de Vincennes, et que le ressentiment de sa détention devait garantir de toute hésitation, de toute faiblesse, — à M. Dudon[1]. Cet agent se rendit directement à Orléans, où il arriva quand l’Impératrice elle-même y entrait, venant de Blois. Les troupes qui accompagnaient cette princesse escortaient en même temps les diamants de la couronne, propriété de l’État, le trésor particulier de l’Empereur, propriété personnelle de ce souverain, et plusieurs caisses remplies d’objets précieux dépendant de la garde-robe ou servant à l’usage intime de l’Impératrice et de son époux. M. Dudon, son arrêté à la main, ne se borna pas à réclamer les diamants, qui lui furent immédiatement remis, il fit main

  1. « M. Dudon avait été renfermé à Vincennes pour avoir déserté son poste, abandonné l’armée d’Espagne et répandu la terreur dont il était saisi sur toute la route qu’il avait parcourue. » (Mémoires du duc de Rovigo, t. VII.)