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— 1815 —

faisait observer que l’incorporation de la Saxe à ses États n’équivaudrait pas aux accroissements donnés à la Hollande par l’adjonction de la Belgique ; à la Russie, par la cession de la Pologne ; à l’Autriche elle-même par l’adjonction du Tyrol et de l’Italie ; et à quelques souverains allemands, notamment à la Bavière, par la cession de différents territoires dont il faisait l’énumération. Il ajoutait qu’il n’entendait pas dépouiller la maison de Saxe sans indemnité, et il proposait de céder à cette maison, dans l’ancien cercle de Westphalie, « les principautés de Munster et de Paderborn, que Frédéric-Auguste posséderait en conservant le titre de roi, titre qui serait remplacé, après lui, par celui de grand-duc. » Enfin, pour enlever toute inquiétude à l’Autriche sur son voisinage, le roi de Prusse ajoutait « qu’il s’engageait à ne point fortifier Dresde, et à céder à cette puissance le district de Ratibor, dans la Haute-Silésie, ceux de Pled et de Leobschütz, ainsi qu’un canton de la principauté de Neiss. »

Le prince de Metternich, d’accord avec lord Castlereagh et avec M. de Talleyrand, qui lui donnait la voix de la France dans un intérêt que nous dirons plus loin, répondit, le 10 décembre, à ces différentes propositions, que l’incorporation de toute la Saxe à la monarchie prussienne était incompatible avec les principes de sa cour ; qu’elle compromettait sa frontière de Bohême, et que la perte de la Saxe, pour la Prusse, pourrait être facilement compensée « par une portion du grand-duché de Varsovie, par la Basse-Lusace, le district de Wittemberg, et par quelques autres territoires qui resteraient soumis à l’union germanique. » L’Autriche, comme on le voit, offrait d’indemniser le cabinet de Berlin avec une partie des provinces que réclamait précisément Alexandre. Le prince de Hardenberg répliqua, au nom de sa cour, en opposant à M. de Metternich les termes mêmes de sa lettre du 22 octobre, ainsi que la réponse écrite le 11 par lord Castlereagh ; mais, enhardi par une solennelle démarche de tous les princes allemands, qui voyaient dans la disparition de la Saxe une