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— 1814 —

françaises ou alliées paralysaient les ressources qu’auraient pu fournir à la Trésorerie les perceptions ou les recettes des localités les plus proches. Cependant le gouvernement provisoire ne pouvait se passer de fonds ; il avait à pourvoir aux dépenses personnelles des souverains, à celles de leurs généraux, et à solder le prix de quelques défections devenues fort impatientes ; enfin, il lui fallait vivre. Les dix millions en or laissés par l’Impératrice dans les caves des Tuileries avaient à peine suffi aux besoins de la première semaine. D’autres millions, nous l’avons dit, provenant de la même source, avaient été emportés à Blois ; M. de Talleyrand et ses collègues avisèrent aux moyens de s’en emparer.

La retraite de l’Impératrice-Régente à Blois avait fait de cette ville, pendant quelques jours, le siège d’une sorte de cour et de gouvernement où l’on voyait des grands dignitaires, des ministres, et une force armée. Déjà même, les chefs des différents services ministériels se mettaient en communication avec tous les départements situés au delà de la Loire, lorsqu’on y apprit, coup sur coup, la déclaration de déchéance, la première abdication de l’Empereur, et la défection du corps d’armée de Marmont. La nouvelle du rappel des Bourbons arriva le 7 au matin : à midi, la plupart des grands dignitaires, des ministres, des généraux et des hauts fonctionnaires qui s’étaient enfuis de Paris les 29 et 30 mars, à la suite de Marie-Louise et de son fils, les avaient quittés pour accourir en toute hâte auprès du gouvernement provisoire et des souverains alliés, dans l’espérance de ressaisir leurs positions et leurs traitements ; le soir, la solitude, autour de l’Impératrice déchue, était complète. Le 8, les deux rois Joseph et Jérôme, après s’être fait payer par le trésor impérial tout ce qui pouvait leur être dû sur leurs traitements ou leurs dotations, quittèrent, à leur tour, leur belle-sœur, et celle-ci reçut le général Schouwaloff, que les souverains lui avaient envoyé pour la conduire, ainsi que son fils, d’abord à Orléans, ensuite à Rambouillet. Le gouvernement provisoire connut,