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— 1815 —

battus pour elle que dans l’intérêt de l’indépendance de leur pays et de leur souverain, ils demandaient que le royaume conservât son intégrité et qu’on maintînt intacts les droits du roi. Le gouverneur général, pour toute réponse, fit enfermer les pétitionnaires dans les forteresses de Magdebourg et de Torgau. La Prusse, jusqu’à ce moment, n’avait fait valoir ses prétentions qu’à l’aide de notes verbales ; ses réclamations avaient gardé le caractère de simples conversations diplomatiques. Mais, les 9 et 10 octobre, son premier ministre, le prince de Hardenberg, sans attendre même l’ouverture du congrès, s’était hâté d’adresser officiellement à M. de Metternich et à lord Castlereagh deux lettres où il demandait, au nom de sa cour, la cession de toute la Saxe et la préalable occupation du territoire saxon. Lord Castlereagh répondit, le 11, « que, si l’incorporation de toute la Saxe à la Prusse importait au salut de l’Europe, il garantissait le consentement de son gouvernement, bien que la ruine d’une aussi ancienne maison le pénétrât de douleur ; qu’il reconnaissait, à la vérité, que si les princes allemands, après avoir failli, avaient réparé leurs fautes par des services subséquents, il n’en était pas de même du roi de Saxe, qui avait persisté jusqu’au bout dans son alliance avec l’ennemi de l’Europe ; que, malgré cela pourtant, la déclaration qu’il faisait devait être considérée comme nulle dans le cas où la Saxe serait sacrifiée aux prétentions de la Russie, et non aux intérêts de l’Europe. » La réponse de M. de Metternich se fit attendre jusqu’au 22. Il écrivit au prince de Hardenberg « que la Prusse avait certainement droit à un accroissement de territoire ; que pas une cour ne désirait cette augmentation territoriale plus vivement que la sienne ; mais qu’en faisant même abstraction des liens de famille existant entre les maisons de Saxe et d’Autriche, son souverain ne pouvait approuver l’incorporation entière des États saxons à la couronne prussienne, parce que cette incorporation deviendrait une source éternelle de méfiance entre les deux cours ainsi rapprochées ; que, si la force des circonstances