Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
— 1814 —

devenu plusieurs fois millionnaire ; et l’autre, resté pauvre, attestait à deux reprises sa noble probité. En second lieu, le duc de Dalmatie avait ordonné, et l’on n’obéissait pas ! Il commanda immédiatement au général Maison, gouverneur de la division, et au directeur général de la police, de contraindre Excelmans à quitter Paris : ce général, mieux éclairé sur sa position et sur ses droits, répondit par écrit au comte Maison qu’il ne partirait pas. Sa lettre, datée du 14, arriva le 18 aux mains du maréchal, qui lui fit enjoindre de nouveau l’ordre de se rendre à Bar-sur-Ornain. Excelmans persista à rester. Le 19, le ministre écrivit pour la troisième fois au gouverneur Maison que l’intention du roi était que le général fût arrêté et conduit à Soissons, pour y rester sous la surveillance de la gendarmerie, jusqu’à ce qu’il fût donné des ordres pour sa mise en jugement.

Le lendemain, 20 décembre, à trois heures du matin, un piquet d’infanterie et de cavalerie se présente au domicile du général pour l’arrêter, menaçant d’enfoncer les portes si on refuse de les ouvrir. Non-seulement les portes restèrent fermées, mais le général annonça qu’en cas de violence il ferait feu sur le premier qui oserait se présenter. Les soldats se retirèrent. À midi, le général Grundler parut, à son tour, à la tête d’un détachement de gendarmes. Excelmans reçut l’envoyé du ministre dans son cabinet ; il était en uniforme et avait l’épée au côté ; il déclara au général Grundler qu’il tuerait le premier qui aurait l’audace de porter la main sur lui, et, passant la tête haute devant les gendarmes et leur chef, il sortit de sa demeure sans que personne osât l’arrêter. Le général alla se réfugier chez un de ses amis. À quelques heures de là, son domicile était envahi par l’adjudant général Laborde, qui visitait toutes les chambres, fouillait tous les papiers, et décachetait même plusieurs lettres adressées au frère de la comtesse Excelmans. Cette dame se plaignit de ces violences à la Chambre des députés, et raconta, dans sa pétition, que, bien qu’elle fût sur le point d’accoucher, on avait refusé