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— 1814 —

tion de l’article de la Charte qui garantissait à chaque culte une protection égale, et à toutes les religions une égale liberté. Elle ne violait du moins qu’un principe. La première ordonnance allait plus loin : non-seulement elle imposait aux Israélites, par exemple, un jour d’oisiveté et de repos qui n’est point celui consacré par leur culte, mais, en même temps qu’elle ruinait une foule de petits métiers dont l’industrie ne s’exerce que les jours de fêtes, elle ôtait toute possibilité de travail à un nombre considérable d’ouvriers à qui le labeur de ces jours privilégiés donne le supplément nécessaire aux besoins de toute la semaine. Il n’existe pas de repos pour le pauvre chargé de famille ; c’est à peine si chaque jour lui apporte son pain : où donc pouvait-il trouver désormais le pain du dimanche ? L’irritation fut grande dans le petit commerce et parmi la population ouvrière. Cette ordonnance eut pour effet immédiat de mettre une partie des habitants de toutes les communes du royaume en lutte ouverte avec les autorités locales.

La classe lettrée et les classes moyennes, désintéressées dans la mesure, n’en virent d’abord que le côté ridicule. Elles ne tarissaient pas en plaisanteries sur les exhumations administratives de M. Beugnot, et sur sa prétention de ramener les Français « à la pratique de la vertu, » à l’aide d’un ordre de police et de prescriptions vieilles de plusieurs siècles. Mais ces classes elles-mêmes devaient bientôt se trouver atteintes dans leurs espérances comme dans leurs intérêts. Le 5 juillet, un mois, jour pour jour, après la publication de l’Acte constitutionnel, M. de Montesquiou, ministre de l’intérieur, présentait à la Chambre des députés un projet de loi en vingt-deux articles, dont l’économie se résumait dans les dispositions suivantes :

« Art. 1er. Tout écrit de plus de trente feuilles d’impression[1] pourra être publié librement et sans examen ou censure préalable.

  1. Un fort volume (480 pages) in-8°.