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— 1814 —

ne devaient connaître qu’à plusieurs jours de là les termes de la nouvelle loi fondamentale. Les docteurs en droit politique, il est vrai, donnent à ces solennelles comédies le nom de fictions constitutionnelles.

La nouvelle Chambre des pairs se composait de cent cinquante-quatre membres, qui se divisaient ainsi :

Trois des six anciens pairs ecclésiastiques ; vingt-six anciens ducs et pairs, ayant eu siége au Parlement[1] ; le prince de Bénévent (Talleyrand) ; onze anciens ducs héréditaires[2] non anciens pairs ; six anciens ducs à brevet[3] ; le duc de Plaisance (Lebrun) ; dix maréchaux, non sénateurs ; quatre-vingt-quatre sénateurs, dont quatre maréchaux ; six généraux de l’Empire ; six officiers généraux de l’ancien régime.

Ces cent cinquante-quatre pairs étaient seulement à vie. Leur nomination et leur appel à la séance royale eurent lieu dans l’ordre que nous venons de suivre. M. de Talleyrand et l’ancien consul Lebrun occupaient l’un et l’autre, comme on le voit, une place spéciale. Le premier venait immédiatement après les anciens ducs et pairs ; le second, de noblesse impériale, figurait seulement à la suite des ducs à brevet.

Des vingt maréchaux, six restaient en dehors de la nouvelle pairie : c’étaient les maréchaux Brune, Davoust (prince d’Eckmühl et duc d’Auerstædt), Jourdan, Masséna (prince d’Essling et duc de Rivoli), Soult (duc de Dalmatie), et Victor (duc de Bellune).

Enfin, cinquante-trois sénateurs se trouvaient exclus ; sur ce nombre, vingt-trois avaient cessé d’être Français. Voici les noms des trente autres : Cambacérès, Chaptal, Chasset, Cochon de l’Apparent, Curée, Demeunier, Dubois-Dubay, Dizez, Fallette-Barol, cardinal Fesch, Fouché, François (de Neufchâteau), Garan de Coulon, Garat, Grégoire, Guéhéneuc, Jacque-

  1. Ces pairies, sous l’ancien régime, étaient au nombre de trente-six ; dix se trouvaient éteintes.
  2. Cette hérédité doit s’entendre du titre, non de la nouvelle dignité.
  3. Leurs titres étaient personnels.