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— 1800 - 1807 —

l’assassin ! poussés par Caniole, les voisins sortent, les passants s’attroupent, quelques agents accourent ; Georges est entouré et saisi avant d’avoir pu faire usage de son poignard, caché entre son gilet et sa chemise. On le terrasse, on le désarme, on le garrotte, et il est conduit à la préfecture de police au milieu d’une foule immense attirée par le seul bruit de son nom, nom redoutable et redouté à ce moment de terreur publique, et qui défrayait les nouvelles de tous les journaux, les conversations de toutes les familles. Fouillé à son arrivée à la préfecture, on trouva sur lui 67,300 francs en billets de caisse, 300 francs en or et des bijoux précieux. Deux jours auparavant, dit-on, il avait en outre déposé, chez un de ses amis, une somme en or assez considérable.

Nous ne rapporterons pas les détails du procès qui suivit. Nous ne placerons sous les yeux du lecteur que quelques passages des interrogatoires subis par quelques accusés, entre autres par Georges et par Moreau, interrogatoires qui expliquent et confirment ce que nous avons dit sur la double face du complot :

« — Que veniez-vous faire à Paris ? demanda-t-on à Cadoudal.

Attaquer le Premier Consul.

— Quel rôle deviez-vous jouer lors de l’attaque ?

— Celui qu’un des ci-devant princes français, qui devait se trouver à Paris, m’aurait assigné.

— Le plan a donc été conçu et devait donc être exécuté d’accord avec les ci-devant princes ?

— Oui, citoyen juge.

— Connaissez-vous Pichegru ?

— Je l’ai connu à Londres.

— Vous l’avez vu à Paris, vous avez été ensemble à Chaillot, nous en ayons la certitude.

— Je ne vous répondrai pas là-dessus ; je n’ai logé nulle part.

— De quelle nature étaient vos moyens d’attaque contre le Premier Consul ?

— Des moyens de vive force[1]. »

  1. Interrogatoire du 28 ventôse (20 mars).