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— 1800 - 1807 —

se trouvait dans une autre partie de l’édifice, mais sans armes ; Aréna, Topino-Lebrun et Demerville n’avaient pas quitté leurs demeures ; tous n’en furent pas moins arrêtés, et traduits devant le tribunal criminel.

Le gouvernement et les journaux firent grand bruit de ces arrestations ; l’opinion prit l’alarme, et une vive irritation éclata dans une partie de la population parisienne contre l’ancien parti républicain. Cette agitation n’était pas encore calmée, et l’émotion publique conservait encore une partie de sa force, lorsque l’explosion de la rue Saint-Nicaise, ses effroyables ravages, ses victimes, dont on exagéra d’abord le nombre, ajoutés au péril couru par le Premier Consul, vinrent jeter une véritable épouvante dans les esprits. Pour Bonaparte, comme pour la foule, les auteurs des deux tentatives devaient appartenir au même parti politique ; l’explosion du 3 nivôse avait évidemment pour but de venger l’avortement du complot du 18 vendémiaire ; en un mot, les républicains étaient les seuls coupables. Vainement certains indices de police semblaient désigner le parti royaliste : les partisans de la Monarchie, quels qu’ils fussent, trouvaient dans Bonaparte autant de sympathie que les partisans de la République lui inspiraient de crainte et de haine ; il repoussa tous les avertissements, et, sur son ordre, Fouché, qui s’était constitué le surveillant des hommes de cet ancien parti révolutionnaire, dont il avait été longtemps un des membres les plus fougueux, les plus impitoyables, dressa une liste de cent trente citoyens signalés par leur attachement énergique au régime républicain. Ces proscrits étaient tous les anciens collègues, les vieux amis de Fouché, qui les savait innocents ; il ne les livra pas moins sans remords ; et un sénatus-consulte les condamna au bannissement, sans autre forme de procès, sans que le moindre renseignement fît soupçonner chez ces infortunés la complicité même la plus lointaine à l’explosion du 5 nivôse. La vérité ne tarda cependant pas à être connue. Un mot prononcé par un