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— 1814 —

leurs que sur la double ligne des boulevards et des quais ; que leurs officiers, les Russes surtout, montrassent dans tous leurs rapports une politesse si attentive, que l’on pouvait croire qu’en devenant les hôtes de la capitale de la civilisation moderne ils désiraient mériter ses suffrages et se montrer dignes d’elle ; malgré tous ces soins, les soldats alliés, disons-nous, ne pouvaient stationner ou se rendre aux barrières sans y être l’objet de provocations invariablement suivies de rencontres et de duels presque toujours fatals pour eux. Chaque soir, un certain nombre manquait aux appels.

Tel était l’état des choses à Paris le 4 avril, lorsque des bruits arrivés de Fontainebleau causèrent, dans le petit monde royaliste et parmi les fonctionnaires mêlés aux faits des cinq derniers jours, une agitation et un trouble extraordinaires : l’inquiétude était sur tous les visages. En même temps, la masse des régiments alliés campés dans l’intérieur de la ville, aux Champs-Élysées, au Champ de Mars, à l’esplanade des Invalides et sur les quais, se réunissaient et prenaient les armes. De nombreuses colonnes se portaient au midi de Paris, sur la route d’Essonne, et des ponts étaient jetés sur la Seine aux deux extrémités opposées des barrières, à Bercy et au-dessous de Chaillot. Nous devons dire la cause de ce mouvement.