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— 1793 - 1799 —

« Sire, le plus heureux jour de ma vie sera celui où je répandrai la dernière goutte de mon sang pour vous mettre en état de remonter sur le trône de vos pères. »

Souwaroff put croire un instant qu’il rouvrirait, en effet, le chemin de Paris aux hôtes de son maître. Entré en Gallicie à la fin d’octobre 1798, il avait opéré sa jonction, à deux mois de là, avec les troupes autrichiennes, et, dans les premiers jours de mars 1799, il aidait les généraux de François II à délivrer le royaume de Naples et à refouler les régiments républicains au pied des Alpes et sur la rivière de Gênes. Paul ne s’était pas borné à l’envoi d’une armée en Italie : une flotte russe, chargée de troupes de débarquement, aidait, en outre, les Anglais à reconquérir, pour le compte de la maison d’Orange-Nassau, la Hollande, devenue la République Batave. De son côté, Louis XVIII ne restait pas inactif. Pendant que la nouvelle coalition attaquait nos frontières sur trois points différents, il s’efforçait de concourir au but commun par les seuls moyens qu’il sût et pût employer : il conspirait. Nous avons dit l’insignifiance des prises d’armes essayées dans les départements de l’ouest ; un résultat plus important ne tarda pas à absorber toute l’attention du Prétendant. Un de ses agents, alors en mission à Paris, lui offrit d’acheter le directeur Barras.

Le vicomte Paul de Barras appartenait à la plus vieille noblesse de Provence. Ancien officier au régiment de l’Île-de-France, il affectait, au milieu de ses collègues des assemblées législatives, une allure toute militaire. La hardiesse de son attitude, sa haute stature, la force de sa voix, qui, lorsqu’il parlait, emplissait toute la salle, l’emportement avec lequel il lançait les quelques phrases qu’il parvenait à former, lui donnaient un air de courage et de résolution qui firent jeter les yeux sur lui, lors de la double lutte de la Convention contre la Commune, en thermidor, et contre l’insurrection royaliste de vendémiaire. La part qu’il prit à ces deux jour-