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— 1814 —

corps, et se chargea de défendre toute la partie des approches de Paris qui s’étend depuis le canal de l’Ourcq jusqu’à la Marne, c’est-à-dire depuis le faubourg de la Villette jusqu’à Charenton ; il abandonna au maréchal, son collègue, le soin de garder la gauche du canal jusqu’à la basse Seine, soit toute la ligne enfermée entre le faubourg de la Chapelle-Saint-Denis et Neuilly. Les positions prises, la veille, par l’ennemi indiquaient que le duc de Raguse aurait à soutenir le principal effort de la défense ; il garda la majeure partie des troupes, 8 à 9,000 hommes environ ; le reste fut emmené par le duc de Trévise. Ce partage inégal fut justifié par l’événement. Pendant la plus grande partie de la journée du 30, le choc devait demeurer concentré entre le saillant de Romainville et la Villette. Les hauteurs de Belleville et de Chaumont, comprises entre ces deux points, se trouvaient armées d’une soixantaine de pièces de campagne ou de position : 30 canons environ, manœuvrés par des conscrits et pointés par des soldats invalides, étaient en batterie sur les premières buttes ; celles de Chaumont étaient défendues par 28 pièces, que servaient des artilleurs de la marine.

Il était trois heures et demie du matin quand Marmont gravit, du côté de Paris, à la tête de ses régiments, les pentes de Belleville et de Ménilmontant. Ignorant que, dès la veille, Schwartzenberg s’était emparé des hauteurs de Romainville, il marcha rapidement sur cette position, dans le but de couronner les crêtes de toutes les collines comprises entre le saillant de ce nom et le faubourg de la Villette. Mais, arrivé aux premiers jardins du village, de nombreux corps alliés, dont les coureurs, durant la nuit, s’étaient avancés jusqu’à Bagnolet, à quelques centaines de toises du mur d’octroi, l’arrêtèrent. Obligé de se former entre Romainville et Belleville, le maréchal établit ses troupes perpendiculairement à la plaine, sur une ligne transversale qui s’appuyait, à droite, sur Bagnolet, et s’étendait, à gauche, vers Pantin.