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— 1793 - 1799 —

sa puissance et son orgueil pour qu’elle ne saisît pas la première occasion favorable de déchirer les stipulations de Léoben et de Campo-Formio. Excitée par l’Angleterre et par la Russie, qui consentait enfin à entrer dans la coalition, l’Autriche se prépara de nouveau à combattre. Le cabinet de Naples était à sa dévotion ; elle excita les passions monarchiques de cette petite cour, fit éclater une rupture entre la branche des Bourbons qui régnait dans cette partie de l’Italie et le Directoire, et prit prétexte des hostilités qui suivirent, pour rappeler son plénipotentiaire de Rastadt, conclure une alliance offensive et défensive avec les cabinets de Londres et de Saint-Pétersbourg, et pour attaquer, au mois de mars 1799, le gouvernement républicain.

De nouvelles prises d’armes en Vendée et en Bretagne répondirent à cette agression. Ces mouvements, toutefois, ne présentaient ni l’ensemble ni la force des insurrections précédentes. Décimée par les combats, ruinée par le pillage et par les réquisitions, la population des bourgs et des villes de ces contrées aspirait au repos. Les habitants des campagnes eux-mêmes commençaient à comprendre que le régime issu de la Révolution était plus favorable au développement de leur bien-être moral et matériel que le régime de l’ancienne monarchie. Quelques attroupements armés, excités par les agents qui correspondaient avec la petite cour de Mittau, des vols nombreux, des incendies, force assassinats encouragés par les chefs de tout rang qui étaient en relation directe avec Londres et le comte d’Artois, voilà surtout ce que produisirent les soulèvements vendéens et bretons en 1799 et en 1800 ; ce fut l’époque où fleurit la chouannerie, espèce de taquinerie politique à coups de fusil, guerre de coups de main et de grandes routes, qui ne put jamais s’élever au-dessus des proportions d’un désordre local dont la répression devenait une simple affaire de police militaire et de gendarmerie. Le temps des insurrections était décidément passé.