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— 1793 - 1799 —

En admettant donc que le parti de l’émigration et de l’Étranger eût réussi à proclamer les Bourbons dans la matinée du 18, le peuple et la troupe, soulevés au nom de la Révolution auraient renversé, dès le soir même, Pichegru et ses complices. Ce fut l’isolement du parti royaliste au milieu de la nation qui donna précisément aux trois Directeurs la force de tout oser dans cette circonstance, ils purent impunément violer la Constitution car il s’agissait de sauver la cause révolutionnaire, qui était la cause nationale, de conserver intacts les intérêts, les droits conquis par la France nouvelle au prix de huit années d’efforts et du sang d’un demi-million de citoyens.

En même temps que le Directoire, par la journée du 18 fructidor, brisait le faisceau royaliste si péniblement formé par les chefs de l’émigration et par leurs complices des Conseils, Bonaparte forçait l’Autriche à reconnaître enfin l’existence de la République. Des préliminaires de paix avaient été signés à Léoben dès le 18 avril (1797) ; le 17 octobre, le traité définitif fut conclu à Campo-Formio. Cette paix, particulière au cabinet de Vienne, ne liait pas ceux des autres États de l’empire d’Allemagne qui n’avaient pas encore traité avec la République. La ville de Rastadt fut choisie pour négocier l’accession de ces puissances, au nombre desquelles figurait le duché de Brunswick. Il devenait, dès lors, assez difficile pour Louis XVIII de prolonger son séjour à Blackenbourg ; on le lui fit entendre. Obligé de solliciter un nouvel asile, il s’adressa à l’électeur de Saxe ; l’électeur refusa. Deux refuges lui restaient ouverts : l’Angleterre, toujours en lutte contre la République, et la Russie, restée jusqu’alors simple spectatrice des événements. Louis XVIII ne voulait pas quitter le continent ; il écrivit à Paul Ier. Non-seulement ce souverain consentit à le recevoir dans ses États, mais il lui promit des secours annuels considérables, et lui offrit de prendre à sa solde l’armée de Condé, que la paix entre l’Autriche et la République allait contraindre de se disperser. Louis XVIII s’empressa de tout accep-