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— 1814 —

au duc de Wellington des renforts de troupes, des envois de fonds, et des pouvoirs qui eussent pour résultat de placer la ville et ceux des habitants qui s’étaient déclarés pour Louis XVIII sous la protection effective, spéciale, de l’armée anglaise et du gouvernement britannique. Le prince transmit cette demande au général anglais, qui lui répondit le 29 mars :

« C’est contrairement à mon avis et à ma manière de voir que certaines personnes de la ville de Bordeaux ont jugé convenable de proclamer roi Louis XVIII. Ces personnes ne se sont donné aucune peine ; elles n’ont pas souscrit un schelling pour le soutien de leur cause, et n’ont pas levé un seul soldat ; et maintenant, parce que je n’étends pas l’armée que je commande au delà de ce que je pense nécessaire et convenable, et parce que leurs propriétés et leurs familles sont exposées, non pas à cause de leurs actions (car elles n’ont rien fait), mais à cause de leur déclaration prématurée, elles me jettent le blâme et m’accusent en quelque manière. Le fait est que la manifestation de Bordeaux n’est pas unanime, que ces sentiments ne se sont étendus nulle part, pas même dans la Vendée, ni dans aucune autre partie du pays occupé par l’armée. Non-seulement, dans l’état de choses actuel, je ne peux faire à Votre Altesse Royale l’avance de fonds qu’elle me demande ; mais, après tout ce qui s’est passé, je ne sais pas si je ne vais pas au delà de la ligne de mes devoirs en prêtant à votre cause la moindre protection ou le moindre appui. Il est assez curieux qu’on me demande, à moi qui, de toute manière, ne puis être regardé que comme un Allié, de fournir des troupes pour appuyer le gouvernement civil de Votre Altesse Royale quand j’aurais le droit d’attendre le secours des armes de Votre Altesse Royale contre l’ennemi commun. »

Le lendemain, 30 mars, le jour même de la reddition de Paris, Wellington, dans une nouvelle lettre au duc d’Angoulême, ajoutait :

« La proclamation du maire de Bordeaux donne à entendre dans tout le pays que les Alliés sont obligés de donner protection à ceux qui se déclareraient en faveur de la famille de Votre Altesse Royale. Il faut que le public connaisse la vérité. Je dois informer Votre Altesse Royale que si je n’apprends pas, d’ici à dix jours, qu’elle ait démenti les paroles à