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— 1793 - 1799 —

rent. Une série de résolutions, adoptées le soir même, annulèrent les élections de 49 départements, condamnèrent à la déportation 2 membres du Directoire, 65 membres des deux Conseils et un certain nombre de fonctionnaires et de journalistes. 67 journaux, tant de Paris que des départements, furent en même temps supprimés.

Nous citerons parmi les condamnés :

Directoire : Carnot, Barthélémy ;

Conseil des Anciens : Barbé-Marbois, Dumas, Lafon-Ladébat, Lomont, Muraire, Portalis, Rovère, Tronçon-Ducoudray, etc. ;

Conseil des Cinq-Cents : Aubry, Job-Aimé, Boissy-d’Anglas, Bourdon de l’Oise, Cadroy, Couchery, Dumolard, Gibert-Desmolières, Henri Larivière, Imbert-Colomès, Camille Jordan, Lemarchand-Gomicourt, Lemerer, Mersan, Madier, Pastoret, Pichegru, Quatremère de Quincy, Saladin, Siméon, Villaret-Joyeuse, Willot, etc. ;

Divers : l’ex-ministre de la police Cochon, l’employé de la police Dossonville, les généraux Miranda et Morgan, l’écrivain Suard, l’ex-conventionnel Mailhe, l’adjudant général Ramel.

Tous ne subirent pas leur peine ; bon nombre parvinrent à s’échapper.

Ces proscriptions, qui frappaient sur les premiers pouvoirs de la République, furent l’affaire de quelques heures ; personne ne résista ; pas un coup de fusil ne fut tiré.

Les royalistes étaient bruyants ; ils se croyaient nombreux. Vivant au milieu des classes riches ou élégantes, et prenant les sympathies de ce monde privilégié pour l’expression du sentiment public, il leur semblait que la France entière fût leur complice : cependant la contre-révolution n’agitait que la surface du pays. Le peuple des camps, comme le peuple des villes, n’avait encore rien perdu de sa ferveur républicaine. Or on ne change pas un gouvernement en gagnant quelques hommes : l’intrigue ne produit jamais que des résultats éphémères ; le peuple seul fait les révolutions.