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— 1814 —

Le lendemain 9, quatre heures du matin, l’Empereur achevait de s’habiller et demandait ses chevaux, quand deux dragons se présentent à lui, les habits en désordre, et lui apprennent que le corps du maréchal Marmont vient d’être surpris et dispersé, laissant aux mains des Alliés 2,500 à 3,000 prisonniers et 40 pièces de canon. Napoléon modifie quelques parties de son plan, et la bataille ne tarde pas à s’engager. L’ennemi, descendu, la veille, des hauteurs dont Laon occupe le sommet le plus élevé, fut repoussé jusqu’aux portes de cette ville. Mais tous les efforts de nos soldats, dont le chiffre était encore réduit par la dispersion du corps de Marmont, et qui se battaient 1 contre 5, vinrent échouer contre la force de la position et contre le nombre de ses défenseurs. Obligé de battre en retraite à son tour, Napoléon revient sur ses pas, et entre dans Soissons, où il passe les journées du 11 et du 12 avec les 20,000 hommes qu’il venait de ramener. Le 13, averti qu’un corps russe conduit par le général de Saint-Priest s’est emparé de Reims, il se porte sur cette ville, et en chasse l’ennemi, le soir même, après lui avoir tué, blessé ou pris 4 à 5 mille hommes. Le général de Saint-Priest, ancien émigré, était au nombre des morts. Les Russes avaient, en outre, été contraints d’abandonner 10 canons, 100 chariots de munitions, et l’Empereur, que les 100,000 soldats de Blücher n’avaient pas osé suivre, put séjourner dans cette ville les 14, 15 et 16, sans y être inquiété.

La pointe que Napoléon venait de faire sur Laon avait laissé le généralissime Schwartzenberg sans autres adversaires que les maréchaux Macdonald et Oudinot. Après avoir reformé ses masses, comme nous l’avons dit, entre Langres et les deux villes de Bar-sur-Seine et de Bar-sur-Aube, Schwartzenberg était revenu sur Troyes, puis, s’avançant une seconde fois sur Paris, par la vallée de la Seine, il avait passé cette rivière à deux lieues au-dessus de Nogent, à Pont, dans la nuit du 13 au 14 mars. Le 16, son avant-garde était à Provins,