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— 1793 - 1799 —

ment plus solide que le gouvernement directorial. La coalition d’intérêts aussi divers ne pouvait être l’œuvre d’un jour. Ce travail était pourtant assez avancé, quand l’arrestation des trois principaux membres de l’agence royaliste et la saisie de leurs papiers vinrent porter l’effroi parmi les conspirateurs des Conseils.

Ce trouble, toutefois, ne fut que passager. Le bruit causé par le message du Directoire ne tarda pas à se perdre au milieu du retentissement occasionné par les prodigieuses victoires de notre armée d’Italie, et par les discussions violentes qui agitaient chaque jour les séances des Conseils eux-mêmes. Pichegru se remit donc à l’œuvre. Mais, dans l’intervalle, quelques dévouements avaient été ébranlés. Plusieurs pièces saisies chez l’abbé Brottier et publiées par le Directoire prouvaient que, dominés par les plus incurables illusions, les princes exilés n’avaient renoncé à aucune de leurs prétentions à la monarchie absolue. Pichegru insista auprès de Louis XVIII sur la nécessité de calmer les inquiétudes des partisans d’une constitution. Ce prince lui envoya une proclamation où se trouvait ce passage :

« Français, nous avons dit à nos agents et nous leur répétons sans cesse : Rappelez notre peuple à la sainte religion de nos pères et au gouvernement paternel qui fit si longtemps la gloire et le bonheur de la France ; expliquez-lui la constitution de l’État, qui n’est calomniée que parce qu’elle a été méconnue ; instruisez-le à la distinguer du régime qui s’était introduit depuis longtemps ; montrez-lui qu’elle est également opposée à l’anarchie et au despotisme ; consultez les gens sages et éclairés sur les parties dignes de perfection dont elle est susceptible, et faites connaître les formes qu’il faut adopter pour travailler à son amélioration. »

Ce langage n’avait plus le caractère absolu des déclarations contenues dans la proclamation d’avénement[1]. Louis XVIII cessait d’exiger le retour pur et simple au régime de 1788 ; il

  1. Voyez page 7.