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— 1814 —

arrêter l’élan possible des populations envahies, atténuer du moins leur effort, en essayant d’isoler l’Empereur de la nation, de diviser leur cause, de séparer, en un mot, l’intérêt de la France du sort du chef qui, après avoir précipité la patrie dans les périls d’une lutte suprême, pouvait seul encore en sauver l’indépendance. Dans ce but, les souverains et leurs généraux avaient publié différentes proclamations où ils protestaient à l’envi de leurs vues pacifiques et de leur désintéressement. Un de ces documents, ayant pour titre : Déclaration des puissances alliées, contenait les passages suivants :

« Les puissances alliées ne font point la guerre à la France, mais à cette prépondérance hautement annoncée, que, pour le malheur de la France et de l’Europe, l’Empereur Napoléon a trop longtemps exercée hors des limites de son empire.

La victoire a conduit les armées alliées sur le Rhin. Le premier usage que LL. MM. II. et RR. ont fait de la victoire a été d’offrir la paix à S. M. l’Empereur des Français. Leurs vues sont justes dans leur objet, généreuses et libérales dans leur application, rassurantes pour tous, honorables pour chacun. Elles désirent que la France soit grande, forte et heureuse, parce que la puissance française grande et forte est une des bases fondamentales de l’édifice social. Elles désirent que la France soit heureuse, que le commerce français renaisse, que les arts, ces bienfaits de la paix, refleurissent, parce qu’un grand peuple ne saurait être tranquille qu’autant qu’il est heureux. Les puissances confirment à l’Empire français une étendue de territoire que n’a jamais connue la France sous ses rois, parce qu’une nation valeureuse ne déchoit pas pour avoir, à son tour, éprouvé des revers dans une lutte opiniâtre et sanglante où elle a combattu avec son audace accoutumée. »

— « Français ! nous ne faisons pas la guerre à la France ; nous ne voulons que briser le joug que votre gouvernement voulait imposer à nos pays, qui ont les mêmes droits à l’indépendance et au bonheur que le vôtre, » disait, à son tour, le 21 décembre, le prince de Schwartzenberg. — « L’Empereur Napoléon a réuni à l’Empire français la Hollande, une partie de l’Allemagne et de l’Italie, et a déclaré qu’il ne céderait aucun village de ses conquêtes, quand même l’ennemi occupe-