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— 1813 —

triomphe des coalisés, des vœux qui n’étaient ni écoutés ni entendus. Voici ce qu’écrivait, à l’occasion du désastre de Leipsick, un des principaux hôtes du château d’Hartwell, le duc de Croï-d’Havré :

« Voilà une affaire dont les conséquences peuvent être majeures. C’est bien le cas de crier : Vive le roi ! Le roi y a été très-sensible. Ah ! si les puissances voulaient se rappeler ce cri tout français, en ajoutant au souligné[1] le nom de Louis XVIII, tout serait bientôt terminé ; car cette victoire de Leipsick est le coup de cloche de l’agonie de Bonaparte, et un second doit l’achever. »

Triste condition des princes de la maison de Bourbon ! Les désastres de nos armées pouvaient seuls exciter leurs joies, et la marche victorieuse de l’ennemi sur nos frontières était leur seule espérance !

Napoléon, en quittant Leipsick, avait porté son quartier général à Erfurth, où il espérait s’arrêter. Mais il devait recueillir cette « moisson de vengeances » que prévoyait le prince Eugène quatre ans auparavant, à l’occasion des humiliations infligées aux peuples de la Confédération germanique. Les populations allemandes, en effet, se levaient, s’armaient en masse, entraînant contre la France leurs propres souverains. Obligé par cette insurrection générale, et par l’immense supériorité numérique des forces attachées à sa poursuite, d’aller abriter les restes de son armée derrière le Rhin, Napoléon continua son mouvement de retraite sur Mayence, par Fulde et par Hanau. Le 29, à une faible distance de cette dernière ville, la tête de la première colonne entrait dans un bois qui en couvre les approches, lorsqu’une fusillade assez vive annonce que ce bois est gardé. Quelques officiers s’avancent à la découverte : 55,000 Bavarois, nos alliés la veille, conduits par le général de Wrède, et ayant leur front protégé par 80 bouches à feu, étaient rangés en bataille au delà du

  1. Vive le roi !