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pu résister à la contrainte de forces aussi considérables, et qu’il a dû y joindre son propre contingent ; enfin, que bientôt Mayence sera probablement cernée par cent mille soldats coalisés.

Ces nouvelles, qui ne tardent pas à se répandre parmi le haut état-major impérial, permettaient difficilement à Napoléon de persister dans le vaste plan de campagne dont il commençait l’exécution ; autour de lui, d’ailleurs, il ne voit qu’abattement et inquiétude ; on y murmure, on se récrie contre sa marche sur Berlin, qui peut compromettre la retraite de l’armée et laisser la France exposée aux insultes de l’ennemi ; on se plaint de voir les guerres succéder aux guerres, les campagnes aux campagnes, les batailles aux batailles, sans obtenir jamais un résultat certain, sans apercevoir une limite à ces luttes sans cesse renaissantes. Napoléon arrête donc son mouvement sur la capitale de la Prusse, et, prenant une direction opposée, il traverse la Moldau et vient prendre position à Leipsick. « La fatigue, le découragement, gagnaient le plus grand nombre, a-t-il dit en parlant de cette époque de sa vie ; mes lieutenants devenaient mous, gauches, maladroits, et conséquemment malheureux. Les hauts généraux n’en voulaient plus : je les avais gorgés de trop de considération, de trop d’honneurs, de trop de richesses ; ils avaient bu à la coupe des jouissances... Je voyais donc arriver l’heure décisive. L’étoile pâlissait. Je sentais les rênes m’échapper et je n’y pouvais rien. Un coup de tonnerre pouvait seul nous sauver. »

Ce coup de tonnerre fut la bataille de Leipsick ; mais, au lieu de relever sa fortune, il en précipita la chute.

Les Alliés, que Bernadotte conseillait depuis la retraite de Russie et qu’il dirigeait depuis la mort de Moreau, suivirent Napoléon dans sa marche sur Leipsick. Bernadotte, à la tête des 70,000 hommes composant l’armée du Nord, arrivait sur ce champ de bataille à la suite de Ney, qu’il ne cessait de pousser devant lui. Blücher, après s’être mis en communication