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— 1813 —

s’assurer, en un mot, des moyens qu’elle pouvait offrir pour une courte résistance. Le soir même du 25, à onze heures, Gourgaud revint et apprit à Napoléon que les Alliés, arrêtés devant Dresde depuis la veille (24), avaient attaqué le camp retranché dans la journée (25), et qu’il serait enlevé le lendemain, si Gouvion Saint-Cyr n’était pas immédiatement secouru ; que ce maréchal se plaignait de n’avoir dans ses cadres que des enfants, et qu’il faisait ses dispositions pour se retirer sur la rive droite. Napoléon prend son parti sur-le-champ, et fait donner au général Vandamme l’ordre de se porter à Kœnigstein avec cinquante-deux bataillons, deux brigades de cavalerie légère, et un corps de 4,000 hommes de grosse cavalerie commandé par le général Corbineau ; de couper la principale route de retraite des Alliés sur la Bohême ; d’occuper, sur leurs derrières, la ville de Pirna et tout son plateau ; d’exécuter, en un mot, le mouvement que lui-même se réservait d’opérer, si Dresde avait pu tenir pendant quarante-huit heures. Cet ordre fut expédié à une heure du matin (26) ; à deux heures, l’Empereur quittait Stolpen et marchait sur Dresde.

Les Alliés, en effet, avaient abordé les approches de cette ville, dans la journée du 25. Dès les premières attaques, les avant-postes du maréchal Gouvion Saint-Cyr s’étaient retirés dans l’enceinte du camp retranché, et l’ennemi put se loger le soir même dans une partie du faubourg dit de Pirna.

La population de Dresde passa la nuit du 25 au 26 au milieu des inquiétudes les plus vives ; elle s’attendait pour le lendemain à une prise de vive force et à tous les désastres qui en sont le résultat inévitable. L’attaque du camp retranché commença vers les sept heures du matin, mais incertaine et partielle ; l’ennemi formait alors ses masses sur les hauteurs qui dominent la rive gauche de l’Elbe. Les habitants, à la vue de ce formidable déploiement de forces, perdirent tout espoir ; et la consternation était devenue générale, lorsque, à neuf heures, les détachements placés de l’autre coté du fleuve, sur