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— 1793 - 1799 —

et que tous les généraux prussiens étaient des philosophes[1]. »

La Prusse, nous l’avons dit, avait fait la guerre dans des vues de conquête et de partage beaucoup plus que dans l’intérêt de la royauté française et de l’émigration. Le même mobile avait armé l’Autriche. Mais il existait cette différence dans la position des deux cours, que le cabinet de Berlin, n’ayant pas perdu un seul village dans la lutte, avait pu traiter sans faire ni demander le moindre sacrifice, tandis que le cabinet de Vienne, auquel la guerre avait enlevé la Belgique, devait poser, comme condition première de toute négociation, la restitution de ce riche territoire. La restitution fut demandée. Le gouvernement républicain avait répondu d’avance, en déclarant les provinces belges partie intégrante de la République. Décidée à les recouvrer, l’Autriche continua la guerre. C’étaient la méfiance ombrageuse et les mauvais vouloirs de cette puissance qui avaient en grande partie décidé le voyage, puis le séjour de Louis XVIII en Italie ; la continuation des hostilités força ce prince à changer encore une fois de résidence.

Le Directoire voulut pousser cette guerre avec vigueur. En même temps qu’il faisait attaquer l’Autriche sur le Rhin, il lançait une armée sur les possessions italiennes de cette puissance. Les troupes françaises chargées d’opérer au delà des Alpes furent confiées au général Bonaparte ; on sait la rapidité de sa marche et de ses premiers succès. Effrayé par l’approche de nos régiments, qui venaient de signaler leur entrée en Italie par les victoires de Montenotte, Millésimo et Mondovi, le gouvernement vénitien ne crut pas devoir tolé-

  1. Voici la traduction littérale d’un avis affiché par ordre du landgrave de Hesse-Cassel à l’entrée de toutes les villes et de tous les bourgs de son landgraviat :
    « Il est défendu à tous juifs, mendiants, vagabonds, ou émigrés français, de séjourner plus de vingt-quatre heures dans ce lieu. »