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— 1813 —

réussi à rassembler deux cent mille hommes prêts à entrer en lice, derrière le rideau des montagnes de Bohême, vous venez à moi pour me dicter vos lois !

Si votre maître est médiateur, pourquoi ne pas tenir en main une balance équitable ? S’il ne l’est pas, pourquoi ne pas se ranger franchement du côté de mes ennemis ? Voilà le rôle d’un grand roi. Mais je vous ai deviné ; vous venez reconnaître votre terrain ; vous venez savoir si vous aurez plus d’avantage à me rançonner sans combattre, ou à me combattre pour recouvrer tout ou partie des provinces que vous avez perdues.

Soyez franc, Metternich ; que voulez-vous ? Je connais ma position : je sais que je puis tout espérer de la victoire ; mais je suis las de la guerre, je veux la paix, et ne me dissimule pas que, pour l’obtenir sans de nouveaux combats, j’ai besoin de votre neutralité. Je vous ai offert l’Illyrie pour rester neutres ; voulez-vous plus encore ? Parlez.

M. de Metternich convint qu’au point où en étaient les choses, l’Autriche ne pouvait rester neutre, et qu’il fallait nécessairement qu’elle fût pour moi ou contre moi. Eh bien, j’y consens, repris-je. Dites ! que veut l’Autriche pour se donner franchement à moi ? Et je le menai à une table sur laquelle se trouvaient des cartes étendues ; son amour-propre l’aveugla ; il me crut vaincu, reconnaissant mon impuissance à dicter la paix sans le concours de l’Autriche. Il m’indiqua sur la carte les sacrifices qu’il considérait comme le prix de la paix. Quoi ! m’écriai-je, non-seulement pour vous l’Illyrie, mais la moitié de l’Italie et la confédération du Rhin ! Voilà donc votre esprit de modération et votre respect pour les droits des États indépendants !

Vouloir pour vous l’Italie, le protectorat de la confédération du Rhin et de la Suisse ; la Pologne pour la Russie ; la Norvége pour la Suède ; la Saxe pour la Prusse ; la Hollande et la Belgique pour l’Angleterre ; mais c’est vouloir le dé-