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ensemble. Si nous l'avons fait voir pour la Cour et pour les Auteurs, l'autre n'y est guère moins nécessaire, parce qu'il se présente beaucoup de doutes et de difficultés, que la Cour n'est pas capable de résoudre, et que les Auteurs ne peuvent éclaircir, soit que les exemples dont on peut tirer l'éclaircissement y soient rares, et qu'on ne les trouve pas à point nommé, ou qu'il n'y en ait point du tout. 8. Ce n'est donc pas une acquisition si aisée à faire que celle de la pureté du langage, puisqu'on n'y saurait parvenir que par les trois moyens que j'ai marqués, et qu'il y en a deux qui demandent plusieurs années pour produire leur effet. Car il ne faut pas s'imaginer que de faire de temps en temps quelque voyage à la Cour, et quelque connaissance avec ceux qui sont consommés dans la langue, puisse suffire à ce dessein. Il faut être assidu dans la Cour et dans la fréquentation de ces sortes de personnes pour se prévaloir de l'un et de l'autre, et il ne faut pas insensiblement se laisser corrompre par la contagion des Provinces en y faisant un trop long séjour.

III. - 1. La commodité, et l'utilité de ces Remarques. - 2. Qu'il ne faut point s'attacher à son sentiment particulier contre l'Usage. - 3. Que néanmoins les plus excellents Écrivains sont sujets à ce défaut.

1. De tout cela on peut inférer combien ces Remarques seraient utiles et commodes, si elles faisaient toutes seules autant que ces trois moyens ensemble, et si ce qu'ils ne font que dans le cours de plusieurs années, elles le faisaient en aussi peu de temps qu'il en faut pour les lire deux ou trois fois attentivement. Je n'ai pas cette présomption de croire que je sois capable de rendre un service si signalé au public, et je ne voudrais pas dire non plus que la lecture d'un seul libre pût égaler le profit qui revient de ces trois moyens. Mais j'oserais bien assurer qu'il en approcherait fort, si je m'étais aussi bien acquitté de cette entrepris qu'eût pu faire un autre, qui aurait eu les mêmes avantages que moi,