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PRÉFACE

I. Le dessein de l'auteur dans cet ouvrage, et pourquoi il l'intitule Remarques.

Ce ne sont pas ici des Lois que je fais pour notre langue de mon autorité privée; je serais bien téméraire, pour ne pas dire insensé; car à quel titre et de quel front prétendre un pouvoir qui n'appartient qu'à l' Usage, que chacun reconnaît pour le Maître et le Souverain des langues vivantes? Il faut pourtant que je m'en justifie d'abord, de peur que ceux qui condamnent les personnes sans les ouïr, ne m'en accusent, comme ils ont fait cette illustre et célèbre Compagnie, qui est aujourd'hui l'un des ornements de Paris et de l'Éloquence française. Mon dessein n'est pas de réformer notre langue, ni d'abolir des mots, ni d'en faire, mais seulement de montrer le bon usage de ceux qui sont faits, et s'il est douteux ou inconnu, de l'éclaircir, et de le faire connaître. Et tant s'en faut que j'entreprenne de me constituer juge des différends de la langue, que je ne prétends passer que pour un simple témoin, qui dépose ce qu'il a vu et ouï, ou pour un homme qui aurait fait un Recueil d'Arrêts qu'il donnerait au public. C'est pourquoi ce petit Ouvrage a pris le nom de Remarques, et ne s'est pas chargé du frontispice fastueux de Décisions, ou de Lois, ou de quelque autre semblable; car encore que ce