Page:Vaugelas - Remarques sur la langue françoise, tome 1, 1880.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

craigne plus l'affectation. Il eût fait voir comme elle sait tempérer ses hardiesses avec la pudeur et la retenue qu'il faut avoir, pour ne pas donner dans ces figures monstrueuses où donnent aujourd'hui nos voisins dégénérant de l'éloquence de leurs Pères. Enfin, il eût fait voir qu'il n'y en a point qui observe plus le nombre et la cadence dans ses périodes que la nôtre, en quoi consiste la véritable marque de la perfection des langues. Il n'eût pas oublié l'Éloge de cette illustre Compagnie qui doit être comme le Palladium de notre langue, pour la conserver dans tous ses avantages et dans ce florissant état où elle est, et qui doit servir comme de digue contre le torrent du mauvais Usage, qui gagne toujours si l'on ne s'y oppose. Mais comme toutes ces belles matières veulent être traitées à plein fond et avec apparat, il y aurait eu de quoi faire un juste volume plutôt qu'une Préface. La gloire en est réservée tout entière à une personne qui médite depuis quelque temps notre Rhétorique, et à qui rien ne manque pour exécuter un si grand dessein. Car on peut dire qu'il a été nourri et élevé dans Athènes, et dans Rome, comme dans Paris, et que tout ce qu'il y a eu d'excellents hommes dans ces trois fameuses villes a formé son éloquence. C'est celui qui doit être ce Quintilien français que j'ai souhaité à la fin de mes Remarques. Le sachant, j'aurais été bien téméraire de m'engager dans cette entreprise, qui d'ailleurs surpasse mes forces, et demande plus de loisir que j'en ai. Outre que ces choses, quoiqu'excellentes et rares, ne sont pas néanmoins si peu connues ni si nécessaire à mon sujet que celles que j'ai dites de l'Usage, sans lesquelles