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qu'il soit permis de faire des mots, si ce n'est qu'on veuille dire que ce que les Sages ne doivent jamais faire soit permis. Cela s'entend des mots entiers, car pour les mots allongés ou dérivés, c'est autre chose: on les souffre quelquefois, comme j'ai dit, suivant le sens d'Horace, et le bel exemple que j'en ai donné.

XII. - 1. Pourquoi l'Auteur n'a point voulu observer d'ordre en ces Remarques. - 2. Qu'il y a grande différence entre un mélange de diverses choses et une confusion.

1. Peut-être qu'on trouvera étrange que j'aie observé aucun ordre en ces Remarques, n'y ayant rien de si beau ni de si nécessaire que l'ordre en toutes choses. Mais n'est-il pas vrai que si j'eusse observé celui qu'on appelle Alphabétique, on eût été content? Et la Table ne le fait-elle pas? Et encore avec plus d'avantage, puisque non seulement elle réduit à l'ordre de l'Alphabet tout le texte des Remarques, qui est tout ce qu'on eût demandé. Mais aussi toutes les choses principales qu'elles contiennent, qui est ce qu'on n'aurait pas eu sans la table. Outre que cet ordre Alphabétique ne produit de soi autre chose que de faire trouver les matières plus promptement. C'est pourquoi il a toujours été estimé le dernier de tous les ordres, qui ne contribue rien à l'intelligence des matières que l'on traite. Et de fait, pour en donner un exemple tout visible, entendrait-on mieux la remarque que je fais sur ce mot amour, et celle que je fais sur la préposition avec, s'ils étaient tous deux rangés sous une même lettre? Ont-ils quelque chose de commun ensemble, si ce n'est de commencer par une même lettre, qui n'est rien?

Mais on me dira qu'il y avait une autre espèce d'ordre à garder, plus raisonnable et plus utile, qui était de ranger toutes ces Remarques sous les neuf parties de l'Oraison, et de mettre ensemble premièrement