Page:Vaugelas - Remarques sur la langue françoise, tome 1, 1880.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais aussi, que dirait-on d'eux s'ils écrivaient Icelui, jaçait que, ores que, pour et à icelle fin, et cent autres semblables que les Notaires emploient? Ce n'est pas pourtant une conséquence, comme ces Messieurs nous la veulent faire faire, que toutes les dictions qui entrent dans le style d'un Notaire soient mauvaises. Au contraire, la plupart sont bonnes, mais on peut dire sans blesser une profession si nécessaire dans le monde que beaucoup de gens usent de certains termes qui sentent le style de Notaire et qui dans les actes publics sont très bons, mais qui ne valent rien ailleurs.

X. - 1. Réponse à l'objection qu'on peut faire contre ces Remarques, sur le changement de l'Usage. - 2. Que ces Remarques contiennent beaucoup de principes, ou de maximes de notre langue, qui ne sont point sujettes au changement.

1. On m'objectera que, puisque l'Usage est le maître de notre langue, et que de plus il est changeant, comme il se voit par plusieurs de mes Remarques, et par l'expérience publique, ces Remarques ne pourront donc pas servir longtemps, parce que ce qui est bon maintenant sera mauvais dans quelques années, et ce qui est mauvais sera bon. Je réponds, et j'avoue, que c'est la destinée de toutes les langues vivantes d'êtres sujettes au changement; mais ce changement n'arrive pas si à coup, et n'est pas si notable, que les Auteurs qui excellent aujourd'hui en la langue ne soient encore infiniment estimés d'ici à vingt-cinq ou trente ans, comme nous en avons un exemple illustre en M. Coëffeteau, qui conserve toujours le rang glorieux qu'il s'est acquis par sa Traduction de Florus, et par son Histoire romaine, quoiqu'il y ait quelques mots et quelques façons de parler qui florissaient alors, et qui depuis sont tombées comme les feuilles des arbres. Et quelle gloire n'a point encore Amyot depuis tant d'années, quoiqu'il y ait un si grand changement dans le langage? Quelle obligation ne lui a point notre langue, n'y ayant jamais eu personne qui en ait