Page:Vaugelas - Remarques sur la langue françoise, tome 1, 1880.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

le nœud de l'affaire, exposant ainsi à la risée de tout le monde l'impertinence du Pédant. Par ce seul passage, jugez, je vous prie, de tous les autres. Prouve-t-il qu'on se rende ridicule en observant la pureté du langage? Le Grammairien n'avait-il pas eu raison de reprendre la faute que Cassius Severus avait faite? Car on ne peut pas dire que ce ne fût une faute, et des plus grossières, puisque Suetone la nomme un solécisme. En qui donc ce Grammairien a-t-il manqué? En son procédé Pédantesque. Comme il arrive en la correction fraternelle, quand elle n'est pas faite avec la discrétion qu'il faut. Le péché que l'on reprend ne laisse pas d'être péché, et d'être bien repris. Mais on ne laisse pas aussi de reprendre d'indiscrétion celui qui a fait la correction mal à propos. Il a fallu un peu s'étendre sur ce passage, parce que ces Messieurs en font leur épée et leur bouclier.

Pour nous, ce serait se mettre en peine de prouver le jour en plein midi que d'alléguer des Auteurs en faveur de la pureté du langage. Ils se présentent en foute de tous côtés. Mais le seul Quintilien suffit, et de tous ses passages il n'en faut qu'un seul qui en vaut mille pour défendre ce petit travail et la pureté de la langue. An ideo, dit-il, minor est M. Tullius Orator quòd idem artis huius (scilicet Grammaticae) diligentissimus fuit, et in filio, ut in Epistolis apparet rectè loquendi ac scribendi usquequáque (remarquez ce mot) asper quoque exactor? aut vim Caesaris fregerunt editi de Analogie libri? Aut ideo minùs Messalla nitidus, quia quosdam totos libellos non de verbis modò singulis, sed etiam literis dedit? C'est à dire: quoi? Cicéron a-t-il été moins estimé pour avoir eu un soin extraordinaire de la pureté du langage, et pour n'avoir cessé de crier après son fils qu'il s'étudiât surtout à parler et à écrire purement? Et l'éloquence de César a-t-elle eu moins de force, quoiqu'il ait été si instruit et si curieux de la langue, qu'il a même fait des Livres de l'Analogie des mots? Et enfin doit-on moins faire d'état de Messalla, pour avoir donné au public des livres entiers, non seulement de tous les mots, mais de