Page:Vaugelas - Remarques sur la langue françoise, tome 1, 1880.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tellement que lorsqu'on disait que le Peuple était le Maître de la langue, cela s'entendait sans doute de la plus saine partie du peuple, comme quand nous parlons de la Cours et des Auteurs, nous entendons parler de la plus saine partie de l'un et de l'autre. Selon nous, le peuple n'est le maître que du mauvais Usage, et le bon Usage est le maître de notre langue.

IX. - 1. Réponse à quelques Écrivains modernes qui ont tâché de décrier le soin de la pureté du langage, et ont étrangement déclamé contre ses partisans. - 2. Tout leur raisonnement est détruit par un seul mot, qui est l'Usage. - 3. Que tous les Auteurs qu'ils allèguent contre la pureté du langage ne disent rien moins que ce qu'ils leur font dire.

1. De ce même principe, il s'ensuit encore que ce sont des plaintes bien vaines et bien injustes, que celles de quelques Écrivains modernes, qui ont tant déclamé contre le soin de la pureté du langage, et contres ses partisans. Ils s'écrient sur ce sujet en des termes étranges, et allèguent des Auteurs, qui en vérité ne disent rien moins que ce qu'ils leur font dire. Trois raisons m'empêchent de nommer ceux qui les allèguent, et qui par avance semblent avoir pris à tâche d'attaquer ces Remarques, dont ils savaient le projet. L'une que ce sont des personnes que je fais profession d'honorer, l'autre qu'ils ont sagement protesté à l'entrée de leurs Ouvrages, qu'ils étaient prêts de se départir de leur opinion, si elle n'était pas approuvée. Et plût à Dieu que chacun en usât ainsi. Car à mon gré, il n'y a rien de beau et d'héroïque, comme de se rétracter généreusement, dès qu'il apparaît qu'on s'est trompé. Et enfin parce que lorsqu'ils ont écrit, ils n'étaient pas encore initiés aux mystères de notre langue,