au démon, au monde, à ma chair, prêt à vaincre ou à mourir. »
Et ce que le novice écrit en ce moment, sous la forte impression de la grâce, le religieux le pratiquera toute sa vie. Toute sa vie, nous le verrons, non pas réduit à la défensive, mais dans l’action, la marche en avant, l’attaque, agendo contra[1], en vrai chevalier qu’il est du roi Jésus.
La troisième semaine a pour but d’affermir le retraitant dans le choix d’une vie plus haute et plus parfaite et de le confirmer dans sa résolution d’être tout entier au service de Dieu pour sa gloire. « Il s’agit donc, écrit le frère Verjus, d’être ardent, ferme, courageux, dans tout ce qui regarde le service du Sacré Cœur... Je ne veux rien passer à ma nature, mais tout passer au prochain. Fermeté humble ! »
À ce propos, saint Ignace nous présente dans la Passion du Sauveur un grand et puissant exemple de courage. Dans ces contemplations l’âme ardente du Frère s’enflamme. Il sent tout à la fois, et plus vivement que jamais, l’horreur du péché, la justice et la sainteté de Dieu. Il demande à souffrir, il est heureux de souffrir pour expier ses fautes et pour témoigner à Notre-Seigneur une compassion pratique,
« Dans la première semaine, dit-il, j’ai résolu d’éviter avec horreur l’ombre même du plus petit péché, afin d’honorer, louer et servir Dieu.
« Dans la seconde, j’ai résolu non seulement de me défendre, mais de faire agression contre ma nature, le démon et le monde. Je l’ai dit : ou vaincre ou mourir.
« Mais, dans la troisième, je ne veux pas me contenter
- ↑ C’est un mot de l’Exercice du Règne, « Il faut agir, dit saint Ignace, contre la propre sensualité et contre l’amour de la chair et du monde. » — On appelle Exercice du Règne la contemplation dans laquelle saint Ignace compare Notre Seigneur Jésus-Christ, le Roi éternel, à un roi temporel qui invite ses sujets à une guerre juste et glorieuse dont il veut leur faire partager les fatigues et les triomphes.