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SAINT-GÉRAND-LE-PUY

évoqué le souvenir de la grande retraite. Nous y sommes.

Aujourd’hui, dans tous les noviciats, ou peu s’en faut, au courant de l’année, sans préjudice de la retraite d’ouverture et de la retraite des vœux, on fait « les grands exercices », les exercices complets, autrement dit, la retraite de trente jours. Rien de plus sage. De quoi s’agit-il en effet dans un noviciat ? De se vaincre soi-même et de régler sa vie suivant la volonté de Dieu. Or, régler sa vie est la fin dernière des Exercices. Pour jeter l’âme du retraitant dans le creuset d’où elle sortira, si elle veut, non pas seulement purifiée, mais transfigurée, et toute prête aux volontés divines, le livre de saint Ignace est d’une force merveilleuse et vraiment unique. « Que de bien il me fait, disait le frère Verjus, tant il est clair, pratique et profond ! »

Voici donc, dans l’étroite solitude du noviciat, les novices qui se font, pour quatre semaines, une solitude plus étroite encore. Toutes les avenues de l’âme sont fermées du côté de la terre. L’espace est libre du côté du ciel. Une fois la semaine seulement, il y aura relâche et repos, un jour de congé qui n’aura rien de dissipant. Tout d’abord il s’agit de purifier l’âme, de la détacher des affections terrestres, puis de l’établir dans la crainte de Dieu et l’horreur du mal. C’est l’objet de la première semaine[1].

Le frère Verjus, est-il besoin de le dire ? entre dans les Exercices avec une générosité vaillante et pour ainsi parler à plein cœur. Laissons-le nous faire la confidence de son âme. Il s’est peint dans son Journal de retraite, comme dans tous ses autres écrits, sans retouche, avec une candeur aussi charmante qu’elle est naïve. Il a donc, en ces premiers jours, scruté sa vie, depuis l’éveil déjà lointain de sa raison jusqu’à l’heure présente :

  1. On sait que les Exercices de saint Ignace sont divisés en quatre semaines. La première comprend les grandes vérités ; la seconde, la vie de Notre-Seigneur ; la troisième, sa passion ; la quatrième, la résurrection et l’ascension.