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SAINT-GÉRAND-LE-PUY

L’enfant fut rendu à sa famille où il mourut. L’infirmier l’avait soigné durant plus de quatre-vingts jours. Pendant ce temps-là, faute de loisir, il n’ouvrit son Journal que pour y écrire très simplement ces mots sublimes : « J’ai passé là trois mois de délices. »

V

Se dévouer aux malades, c’est bien ; s’immoler pour les âmes, c’est mieux. Toute la vie d’Henry Verjus sera une immolation. Dès le noviciat, il demande à se sacrifier de la sorte.

Un de ses amis de la Petite-Œuvre, un membre de la pieuse association qu’il avait fondée à Chezal-Benoit et dont il était l’âme, on s’en souvient, un de ses compagnons les plus chers du noviciat, un des treize, vient de rentrer dans le monde. Le voyage qu’il a fait dans sa famille à l’occasion de la mort de son père, l’a troublé profondément, l’a dérouté et perdu peut-être. Il ne reparaît à Saint-Gérand que pour en repartir presque aussitôt.

À cette nouvelle le frère Verjus a la mort dans l’âme. « Comment, dit-il à l’un de ses confrères, vous qui, à l’heure triste, avez vu ce pauvre égaré, comment ne l’avez-vous pas retenu sur le bord de l’abîme ? Il lui paraissait que, s’il avait pu le voir un instant et l’entretenir, il l’eût arrêté dans sa résolution fatale… Rentré dans sa cellule, il écrit : « Hélas ! Ô mon Jésus, où l’entraînera sa désobéissance ! Ô sainte obéissance ! Ô joug de mon Jésus ! Je veux vous porter coûte que coûte. Je jure à l’obéissance fidélité jusqu’à la mort et à la mort de la croix, c’est-à-dire à la mort la plus cruelle. Quelle leçon que la chute de ce Frère qui avait de si bonnes dispositions ! Oh ! {{{2}}}, mon Jésus, comme l’enfant qui, entendant à côté de lui un grand bruit, s’attache et se cramponne à la robe de sa mère, de même, ô mon Jésus, en voyant tomber à côté de moi celui qui était si au-dessus de moi, je suis effrayé, terrifié, et je m’attache à vous et à ma sainte vocation plus fort que