Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

LE NOVICIAT

SAINT-GÉRAND-LE-PUY

I

À l’est du département de l’Allier, dans l’arrondissement de Lapalisse, sur une éminence, un podium, un « puy », de 300 mètres d’altitude, s’étage pittoresquement le gros bourg de Saint-Gérand. Au sommet du mamelon, tout près de la vieille église qui date du onzième siècle, une maison blanche du quinzième, petit manoir à trois tourelles. Elle se détache sur le fond verdoyant d’un massif de très beaux ormes et semble peinte sur la colline. Des vignes grimpent le long des pentes jusqu’aux terrasses superposées. De là l’horizon est immense.

Aux pieds du mamelon, la vallée tranquille où coule un ruisseau : le Rhédan ; çà et là, dans les champs, des maisons d’heureuse apparence ; puis, les ondulations de coteaux gracieux où les beaux arbres abondent ; plus loin, au second plan du tableau, là-bas, dans le soleil, des tourelles et des clochers, des châteaux, des hameaux, des villages et clés églises ; plus haut, la tête dans le ciel, les monts d’Auvergne, le Puy du Montoncel, les Bois-Noirs, le rocher Saint-Vincent en Ferrières et enfin le chaînon sombre des monts de la Madeleine.

Le manoir appartenait à une famille de haute race, éminemment chrétienne et hospitalière. C’est là que descendit Pie VII, lorsqu’il se rendait à Paris pour le sacre de Napoléon Ier. Au temps où nous vivons dans ce récit, les châtelains, M. et Mme de Saint-Gérand, n’avaient pas de récréation plus douce que de chanter des cantiques. Mme de Saint-Gérand faisait les solos et son mari l’accompagnait du violoncelle. Les deux époux, pressentant la mort, se préoccupaient de la maison héréditaire. Autant qu’ils