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LA PETITE-ŒUVRE

nomie du pur adolescent qui mourra victime de son dévouement aux âmes :

« Cœur sacré de notre doux Jésus, nous vous aimons de tout notre cœur, et, pour vous prouver notre amour, nous sommes prêts à mourir de la mort la plus cruelle.

« Cœur sacré, nous voulons être vos victimes. Épuisez sur nous votre colère et laissez votre miséricorde s’épancher sur le monde…

« Et maintenant, ô Jésus, que nous sommes à vous, faites de nous ce qu’il vous plaira. Façonnez-nous selon votre bon plaisir, faites de nous des Missionnaires selon le désir de votre Sacré Cœur. Faites de nous des martyrs. »

Et chacun, le Père directeur lui-même, signait de son sang l’acte de consécration, et, tous les jours, au saint sacrifice, pendant que le prêtre élevait le corps et le sang de l’adorable victime, on demandait la grâce de mourir martyr.

Henry en faisait un jour la confidence à sa mère : « Tu m’as donné à Dieu, lui écrivait-il, et Dieu me garde... Je t’aime beaucoup, ma très chère maman, et je te voudrais voir encore une fois ; mais peut-être que Dieu ne le veut pas : qu’il soit béni ! il veut que je sois son Missionnaire et son martyr, et déjà maintenant il m’envoie quelques petits sacrifices afin que je sois prêt quand viendront les grands… Aujourd’hui j’ai fait la sainte communion pour toi, avec deux de mes condisciples qui, eux aussi, veulent être martyrs… Prie, prie pour moi, afin que Dieu m’accorde la grâce de conserver ma sainte vocation et pour que je sois martyr[1]. » Évidemment, on priait pour les sauvages dans le groupe héroïque, et l’on peut dire que, dès ce temps-là, Henry Verjus vivait pour eux. Nature essentiellement expansive, le futur apôtre ne pouvait contenir le feu qui le dévorait. Il fallait qu’il parlât de ses chères Missions. Comme on travaillerait, comme on prêcherait ! Comme on souffrirait ! Assurément, les infidèles se convertiront, et

  1. Lettre du 17 mars 1876.