Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
CHEZAL-BENOÎT

ciples, le zèle des âmes. Personne mieux que lui ne savait amener la causerie sur un sujet d’édification. Il excella bientôt dans cet art si difficile pour un enfant, au point qu’il captivait ses condisciples. Un nom revenait de préférence sur ses lèvres, le nom de la très sainte Vierge. Il appelait Notre-Dame « la bonne Mère », comme plus tard, il appellera Notre-Seigneur « le bon Maître ». En ces entretiens intimes, pas ombre d’apprêt. C’était l’effusion candide d’une âme pieuse et d’un cœur aimant. « Henry Verjus, nous assure un témoin, a certainement contribué à augmenter à la Petite -Œuvre la dévotion envers Marie. »

Les paroles ne suffisent point au vrai zèle. L’apôtre veut des actes. Henry Verjus avait tant d’influence sur ses condisciples, ou, comme on dit dans la famille de la Petite-Œuvre, sur ses frères, qu’il groupa autour de lui les plus fervents et non les moins intelligents. De son autorité privée, mais avec l’assentiment formel du Père directeur, il organisa, dans l’ensemble et dans les détails, une sorte de congrégation de la Très-Sainte-Vierge. De temps à autre il distribuait à ses congréganistes des billets écrits de sa main où il spécifiait l’intention qu’ils devaient avoir dans leurs prières et dans leurs actions. La première était naturellement une tendre dévotion à Notre-Dame du Sacré-Cœur. Personnellement, il avait fait le vœu de chasteté entre les mains de la Vierge immaculée. Son confesseur ne lui ayant pas permis de le faire perpétuel, il le renouvelait aux quatre grandes fêtes de Marie. S’il trouvait dans ce don de tout lui-même à la Vierge des vierges un stimulant pour sa piété, il souffrait néanmoins de ne pouvoir s’immoler tout entier et pour toujours. Il fit aussi, en ce temps-là, les vœux temporaires de pauvreté et d’obéissance, le vœu héroïque en faveur des âmes du Purgatoire et aussi le vœu du « plus parfait ».

Il va de soi que le petit groupe avait une dévotion toute particulière au Cœur de Jésus. Nous avons sous les yeux leur acte de consécration, composé par Henry. En voici un passage. Il jette déjà un jour singulier sur la physio-