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CHEZAL-BENOÎT


preinte qu’il laissa ne s’effacera pas de son âme, pas plus que la filiale affection que nous lui avons vouée[1]. » Henry Verjus prenait sa part de l’élan commun et s’en donnait à cœur joie. Il écrivait, en juin, à un ami de sa famille[2] : « Ah ! monsieur, pourrez-vous jamais comprendre notre bonheur ! Communions fréquentes, messes tous les jours, instructions réitérées, d’excellents maîtres, un supérieur qui est pour nous comme un père, et qui veut que nous soyons avec lui comme avec une bonne-maman ! Loin du monde, nous travaillons à devenir des saints et des savants. Vraiment ! Nous sommes gâtés par le Sacré Cœur. »

IV

Cette année de quatrième fut marquante dans la vie de Henry Verjus et l’on peut dire décisive. A l’admiration que l’enfant ressentait pour le P. Marie s’ajouta bientôt la reconnaissance.

Assurément, et nous l’avons dit, Henry était pieux, charitable ; personne ne douta jamais de son cœur ; mais, en même temps, l’ardeur de son âme et la fougue de son tempérament l’emportaient quelquefois jusqu’à la violence, jusqu’à la colère. Alors il lui arriva de parler et même d’agir sous le coup de ces impressions vives. L’irréflexion qui apparaissait dans ses études, éclatait quelquefois dans sa conduite.

Le P. Marie, d’ordinaire si affectueux, savait être aussi, quand il le fallait, « terrible ». Au commencement de l’année 1876, à la lecture des notes, sa voix tonnante ébranle l’âme de Henry jusqu’en ses profondeurs. « Si vous ne changez pas, mon enfant, on sera obligé de vous rendre à votre famille. » — « Cette parole, écrit Henry Verjus, m’accable, me terrifie. Je pense à ma vocation de Missionnaire, au martyre ! Je pense à ma mère mourant de désespoir.

  1. Annales belges de Notre-Dame du Sacré-Cœur, avril 1891.
  2. Lettre à M. C.