Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/465

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XX

PROMOTION DU P. VERJUS A L’ÉPISCOPAT

SON SACRE A RABAO

I

A peine rentré à Rabao, le P. Verjus est « relancé », comme il s’exprime lui-même, dans les forêts. Les pauvres maisons de chaume, debout depuis trois à quatre ans, ne tiennent plus et s’affaissent. Les huit Frères couchent en dortoir commun dans la vieille cabine des Pères dont on a enlevé les cloisons ; mais, outre qu’ils sont dans la poussière, puisqu’il n’y a pas de parquet, tous les poteaux sont pourris ; de même les attaches du toit ; à la prochaine saison des pluies, où le vent souffle avec violence, la maison croulera. Il en faut une autre. Celle des Sœurs, qui n’a que deux ans et qui a coûté près de huit mois de travail à tous les Missionnaires, Pères et Frères, n’est guère plus solide. Voici donc deux maisons à construire avant novembre ou décembre, et l’on est en juin.

Cet état de choses inspire à Mgr Navarre des réflexions aussi justes que douloureuses : « Jusqu’à présent, dit-il[1], nous n’avons été que dans les constructions ou les réparations, faute d’argent pour acheter des planches et du bois de charpente et aussi faute de temps et de forces pour faire ou préparer les matériaux. Ajoutez que les Pères et les Frères sont la moitié du temps malades ; et, quand ils sont valides, ils ont à peine le quart des forces qu’ils auraient en Europe. Oh ! qu’il nous faut un grand esprit de foi pour travailler en de pareilles conditions et sous un climat si meurtrier, obligés de faire des efforts au-dessus de nos forces ! Les indigènes nous aident peu ; mais ils sont à chercher leur nourriture dans les autres villages, car la disette continue avec la sécheresse. Un

  1. Lettre du 19 juin 1889, datée de Port-Léon.