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LA PETITE-ŒUVRE

Ces triomphes ne se renouvelleront plus. Est-ce à dire que notre écolier fut inintelligent ? On l’a prétendu. La manière dont il chantait et déclamait prouve déjà le contraire. Pour bien interpréter un morceau, il faut d’abord le bien comprendre. L’infériorité de Henry venait de l’ingratitude de sa mémoire et de la légèreté de son esprit. Le maître parvenait-il à fixer sur une page incorrecte cette tête mobile, l’élève notait de lui-même les fautes et les corrigeait. Dans les petits travaux plus personnels, la narration, par exemple, Henry presque toujours réussissait. Fallait-il décrire une fête religieuse ou raconter une histoire des Missions, Henry ne le cédait à personne et son me jetait un rayon. Dès la cinquième, son professeur disait : « Nul de ses condisciples ne parlera mieux que lui. Les uns construiront des discours plus parfaits et des thèses plus savantes. Nul, autant que lui, ne touchera les cœurs. » Remarquons, en outre, que cette classe était pourvue exceptionnellement. La plupart des condisciples de Henry Verjus ont conquis leurs grades littéraires ou scientifiques, et tous ou presque tous sont docteurs en philosophie et en théologie. Lui, grâce à un courageux et persévérant travail sur lui-même, gravira des hauteurs plus abruptes et des cimes autrement radieuses. Un souvenir de la cinquième. Une fois, en classe d’arithmétique, le professeur fit, un peu vivement, quelque reproche à l’écolier. Celui-ci répond et boude. De là, une note, sinon mauvaise, du moins inférieure. Or, le P. Vandel se trouvait à Chezal-Benoît et il devait assister à la lecture publique des notes. Henry était morfondu, désolé. Il conjura le professeur de lui pardonner et d’effacer la vilaine note. Le professeur fut inflexible. « Eh bien, soit ! dit l’enfant, cela me servira de leçon. » Et, de bon cœur, il accepta l’humiliation.

Au milieu du résumé qu’il a fait de sa vie en l’année 1874-1875, Henry Verjus écrit : « Ici commence pour moi un temps de deuil, d’épreuves de tous genres. Notre-Dame