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LA PETITE-ŒUVRE

d’obtenir des ressources ; à mon grand regret, on le refusa. — Quel est donc ce moyen ? répondit le P. Chevalier. — Je n’ose vous le dire ; vous allez peut-être, vous aussi, rire de moi. — Parlez toujours. — Eh bien, voici : Je proposai au conseil général de ne demander aux associés de l’Œuvre qu’un sou par an. Un sou ! Personne ne l’aurait refusé, et ce sou multiplié aurait fini par donner des sommes considérables. » Ce fut un trait de lumière pour le R. P. Chevalier. Depuis quelque temps il était préoccupé du moyen de trouver des recrues pour sa petite société. « Cher Père Vandel, dit-il vivement, j’accepte votre idée. Vous aussi, vous allez être Missionnaire du Sacré-Cœur. Vous y songez depuis longtemps déjà. Nous allons créer ensemble une École apostolique et nous lui appliquerons l’idée, qui me paraît féconde, du « Sou par an ».

L’accord était fait. Séance tenante, pour ainsi dire, on esquissa le plan de l’Œuvre, et, à cause même de la petitesse du moyen qu’on allait employer, on la nomma la Petite-Œuvre, — la Petite-Œuvre du Sacré-Cœur. C’était aux approches du 25 mars. Or, en France, cette année-là, la fête de l’Annonciation de la très sainte Vierge, tombant le dimanche des Rameaux, était renvoyée au lundi de Quasimodo. Mais, comme en Espagne, elle est fête d’obligation et par conséquent célébrée le jour même, les deux prêtres, voulant à tout à prix mettre leur projet sous la protection de la Mère de Dieu, gravirent les hauts sommets pyrénéens et dirent la messe dans une chapelle du versant espagnol. Le P. Vandel écrira plus tard : « La Petite-Œuvre a eu pour berceau un autel. »

Il n’entre pas dans notre plan de raconter les commencements de l’École apostolique. C’est proprement l’affaire de l’historien du P. Vandel. A l’époque où nous sommes de la vie d’Henry Verjus, elle est installée, à quatre lieues d’Issoudun, au département du Cher, à Chezal-Benoît, casale benedictum, « maison bénie », dans un ancien monastère de Bénédictins, tout près d’une belle église romane, et à la lisière d’une forêt de chênes.